À propos

L’ART DE PEVé patrickvinci

LA VISION DE PEVé patrickvinci
par Chris de Montignano, curator indépendant

Une œuvre narrative, souvent profonde sur le fond, légère dans la réalisation.

Ce que réalise PEVé patrickvinci est la représentation onirique des microsociétés que nous avons créées, il réécrit l’art pour l’art.

Il se place sous le signe du chaos, de l’antagonisme et de la distorsion, rejetant tout formatage.

Sur sa manière de produire il dit :

            Ce que je photographie ou récupère, je me l’approprie, je l’interprète, je redonne une vie nouvelle, un autre chemin que l’originel, je « continue » l’œuvre existante.

C’est une nouvelle opportunité artistique.

            Il existe un terme mais je ne sais pas s’il est bien adapté, c’est le « méta-art » qui exprime le changement, la succession, la réflexion, aller au-delà, à côté, entre ou avec. Oui ça c’est bien, c’est pas mal comme définition…

            Œuvre pirate, pas de morale, pas de jugement, juste une posture libertaire…

« Mon esprit mixe mes regards et mes mains
pour créer de la valeur esthétique »

NARRATION

Proposition, disposition, contenu, sens, transmission, émotion, provocation

+ APPOPRIATION / ARTJACKING

Emprunt, réemploi, manipulation, réinterprétation

+ ESTHÉTIQUE

FIGURATION NARRATIVE

Fondements.

Le mouvement de la figuration narrative n’a pas été structuré, en particulier, par un manifeste mais a cependant été théorisé par le critique d’art Gérald Gassiot-Talabot dans un ouvrage paru en 1965. Il s’agit d’un courant d’expression qui restreint initialement le champ de la nouvelle figuration en considérant comme narrative toute œuvre qui se réfère à une représentation figurée dans la durée, soit par la circulation d’objets dans la toile, soit par séquences, y compris sous forme de polyptyques, et qui veut généralement redonner à la peinture une fonction politique et critique de la société de consommation. Parmi ses sources d’inspiration (cadrages, montages, etc.) on compte la bande dessinée, le cinéma, la photographie, la publicité… en fait, l’ensemble des images du quotidien. Les thèmes des œuvres sont rattachés le plus souvent aux scènes de la vie de tous les jours, ainsi qu’aux revendications sociales ou politiques. « La peinture est en quelque sorte littéraire ; et c’est dans ce sens que je travaille sur des thèmes. Il y a un début, une fin, des personnages, et l’ambiguïté propre aux romans. C’est donc un récit, comme si j’avais écrit une quinzaine de romans… », explique Eduardo Arroyo

La plupart des artistes de ce mouvement furent marqués par les thèses gauchistes de Mai 68, en particulier celles d’Herbert Marcuse, en estimant que le potentiel subversif de leurs œuvres devait tenir dans leur dimension esthétique bien davantage que dans un discours explicite. Selon Marcuse, « plus une œuvre est immédiatement politique, plus elle perd son pouvoir de décentrement et la radicalité, la transcendance de ses objectifs de changement »

Certains d’entre eux revendiquèrent cette tendance, tels que l’anti-franquiste Eduardo Arroyo réfugié en France, Gérard Fromanger, Erró, Gérard Guyomard, Ivan Messac, Sergio Birga, Henri Cueco. La plupart des artistes ont participé à la production des affiches murales et slogans de Mai 68.

Les artistes de la figuration narrative se sont ainsi opposés au pop art américain qu’ils jugeaient trop hégémonique, trop formel, indifférent aux luttes politiques de l’époque et pas assez critique de la société de consommation, tout en utilisant certaines expressions formelles similaires

 

Historique.

En 1962, la structure narrative apparaît dans l’œuvre de certains artistes comme Peter Klasen, présent à Paris depuis 1959 (Douche, 1962), ou Hervé Télémaque (Le Voyage, 1962) arrivé de New York quelques mois auparavant. Ce dernier rencontre la même année Bernard Rancillac qui participe au Salon de la jeune peinture avec ses camarades Eduardo Arroyo, présent à Paris depuis 1958, Gilles Aillaud et Antonio Recalcati, réunis sous l’influence d’Henri Cueco, lauréat du prix Malborough en 1956, dans leur engagement de contestation du pouvoir capitaliste, ainsi que Peter Saul également venu de New York.

Déjà en novembre 1960, la première exposition des nouveaux réalistes s’était tenue à Paris au festival d’avant-garde et, en novembre 1962, à la Sydney Janis Gallery de New York en incluant la première exposition collective des artistes du pop art américain, théorisé la même année. De mai à juin 1963, les autorités américaines présentent ensuite pour la première fois en Europe, à l’American Center de Paris, l’exposition « De A à Z » regroupant 31 artistes de la jeune scène américaine du pop art ; tandis que la première série d’œuvres de Roy Lichtenstein, de 1961, basée sur la bande dessinée, est en même temps exposée à la galerie Ileana Sonnabend. Lors de la troisième Biennale de Paris, tenue fin septembre 1963 au musée d’art moderne de la ville de Paris (MAMVP), Eduardo Arroyo, tenant de la nouvelle figuration, se fait alors connaître en exposant son polyptyque Les Quatre Dictateurs. incluant Franco, qui provoqua la protestation du gouvernement espagnol.

Si l’expression « figuration narrative » apparaît antérieurement, en étant inspirée à Gassiot-Talabot par l’usage de la séquence évolutive chez le peintre et cinéaste d’animation Peter Foldès (Lampe électrique et papillon de nuit, 1948), la figuration narrative obtient son véritable acte de naissance avec l’exposition « Mythologies quotidiennes » organisée de juillet à octobre 1964, à la demande de Rancillac et de Télémaque, par Marie-Claude Dane au MAMVP, et à laquelle participa également, Klasen, Arroyo, Recalcati, Leonardo Cremonini, Jan Voss et Öyvind Fahlström

Cependant, au mois de juin précédent, la nouvelle école américaine venait d’être consacrée à la Biennale de Venise par l’octroi du grand prix à Robert Rauschenberg, quelques jours seulement avant l’ouverture de cette exposition au MAMVP, ce qui en amoindrit l’impact médiatique.

En octobre 1965, Gassiot-Talabot présente à la galerie Creuze l’exposition éponyme « La Figuration narrative dans l’art contemporain » où est exposé le polyptyque Vivre et laisser mourir ou la fin tragique de Marcel Duchamp d’Arroyo, Aillaud et Recalcati, acquis en 2013 par le musée national centre d’art Reina Sofía qui constitue le manifeste de ce mouvement. L’année suivante, l’exposition « Bande dessinée et figuration narrative » est montrée au musée des arts décoratifs de Paris.

 

Mai 1968.

Certains artistes du mouvement, regroupés en particulier au Salon de la jeune peinture au début des années 1960, ont tenu un discours militant marqué à l’extrême gauche et donnaient à leur art un objectif de transformation sociale. Rancillac, Arroyo, Aillaud, Fromanger et Cueco ont également participé à L’Atelier populaire des Beaux-Arts de Paris qui produisait les affiches de Mai 68. La fameuse affiche Nous sommes tous des Juifs et des Allemands représentant Daniel Cohn-Bendit serait de Rancillac auquel s’intéressa Pierre Bourdieu.

Les philosophes Michel Foucault et Gilles Deleuze commenteront également les œuvres de Gérard Fromanger, tandis que Jacques Derrida analysera celles de Valerio Adami, Louis Althusser celles de Leonardo Cremonini, Paul Virilio celles de Peter Klasen et Jean-François Lyotard celles de Jacques Monory. Les philosophes Claude Lévi-Strauss, Jacques Lacan, Michel Foucault, Roland Barthes et Louis Althusser sont représentés dans le tableau La Datcha, réalisé conjointement en 1969 par Gilles Aillaud, Eduardo Arroyo, Francis Biras, Fabio Rieti et Lucio Fanti.

ART NARRATIF

C’est l’art de conter, c’est-à-dire de transmettre par le verbe, le son ou l’image un récit, une séquence temporelle. Que ce récit soit réel ou imaginaire importe peu ; chaque fois qu’il y a narration, le conteur doit exprimer la durée et la causalité avec les moyens d’expression qu’il a choisis. La texture temporelle du verbe ou du chant est facile à admettre. Elle a plutôt posé des problèmes à ceux qui se souciaient de dire l’instant, l’immédiat, l’éternité. Inversement, l’apparente immédiateté de l’image a longtemps voué la vision et ses œuvres à l’expression plus ou moins métaphorique de ce qui échappe à la durée, à l’histoire et à la mort. Par ailleurs, si la narration implique le temps, c’est-à-dire un fort ancrage dans la réalité, l’art implique l’artifice et la création d’un monde imaginaire souvent illusoire.

Autrement dit, l’art narratif se situe au cœur même de l’activité humaine : là où le groupe se constitue une mémoire, une histoire, mais aussi où il se donne une science et des représentations idéologiques. Par conséquent, la question de savoir si telle ou telle civilisation possède ou non un art narratif n’est pas une simple interrogation portant sur ses techniques expressives, mais l’un des problèmes essentiels pour qui veut définir sa vie politique, sociale ou intellectuelle.